Hamon ? Macron ? Mélenchon ? Raison gardons !

Les Primaires du PS – injustement renommées « Primaires de la Gauche » voire « Primaires Citoyennes » [sic et re-sic] – auront été placées sous le signe, sinon de la tricherie, du moins du n’importe quoi technique et arithmétique. Le grand gagnant en est l’ex-ministre de Hollande B. Hamon. L’ex-ministre Valls dégagé, c’est une bonne nouvelle. Mais voici quelques réflexions personnelles, que l’on partagera ou non.

Déjà, je m’étonne du score du détesté Valls, alors que les Primaires de la Droite avaient éliminé le non-moins détesté Sarkozy dès le 1er tour. L’apprenti Franco fait de la résistance, ce qui montre assez l’état de division du PS. Et puis suite à la victoire de Hamon, t’as plein de bonhommes soi-disant « socialistes » qui décident de rejoindre Macron, celui qui se prétend ni de droite ni de gauche, « mais encore moins de gauche » aurait ajouté Coluche. Voilà dans quel état cinq années de hollandisme ont laissé le PS. Le cul non pas entre deux chaises mais entre deux strapontins (ça doit pas être facile-facile).

Hamon, c’est ce que les médias appellent « l’aile gauche » du PS. Faut dire que tout le reste de l’organisme est de droite, nous l’avons vérifié pendant 5 ans. Et que Hamon, dès janvier 2012, avouait être la caution de gauche de ce parti pour contrer Mélenchon. Concrètement, à quoi d’autre a servi cette fameuse « aile gauche » ?

Tandis que nous étions des centaines de milliers à reprendre le slogan « Plus jamais PS » durant des mois de combat contre la Loi Travail, on n’a pas beaucoup vu B. Hamon manifester, et pour cause : lui et les inénarrables « Frondeurs » ont refusé de voter la seule motion de censure susceptible de faire tomber le gouvernement Valls.

Hamon Mélenchon 2012
Hamon Mélenchon 2012

En revanche, Hamon était très motivé pour voter l’application de l’État d’urgence perpétuel en France, première victoire politique des terroristes et, en définitive, prétexte pour Valls à envoyer la cavalerie éborgner les manifestants de gauche. Itou pour la Loi Renseignement, projet de surveillance généralisée et intrusive dénoncé notamment par le lanceur d’alerte Edward Snowden. Et où était-il pendant les grandes marches contre le TSCG, les lois Macron, le CICE, etc. ?

Alors, on ne va pas faire de procès en pureté à B. Hamon. Les hamonistes nouveaux qui hier nous accusaient de culte de la personnalité envers Mélenchon, lui-même suspecté de soviétisme, de chaotisme, de méchantisme, seraient en droit de nous le reprocher – d’autant que, vous comprenez,  le rassemblement derrière Hamon est la réponse à tous nos maux. Regardons plutôt le courant auquel il appartient. Ces « Frondeurs » dont le principal acte de bravoure aura été de s’abstenir en se cachant sous le tapis pendant 5 ans, cette « aile gauche » qui n’aura rien équilibré du tout pendant le sinistre mandat Hollande.

Montebourg, tenez, autre candidat aux primaires de Solférino. Alors pour lui, le TAFTA c’est sympa et le nucléaire c’est super. Eh bien, diantre, il a appelé à soutenir Hamon au 2nd tour des Primaires PS. Normal, ce dernier propose vaguement une diminution de 50% de l’énergie nucléaire d’ici 2025, quand Mélenchon planifie d’en sortir certes progressivement mais entièrement, en fermant d’office la centrale de Fessenheim, les EPR de Flamanville et de Hinckley Point, en investissant massivement dans la planification écologique (économie de la mer, transition énergétique, sobriété heureuse…) et en atteignant les 100% d’énergie renouvelable d’ici 2050. Mélenchon s’engage à ce qu’à la fin de son mandat, les énergies renouvelables remplacent plusieurs réacteurs nucléaires. Montebourg, chantre de l’atome, a choisi son camp.

Filoche, illustre militant de « l’aile gauche » du PS, accusait hier les ministres Hamon et Montebourg de n’être ni de « gauche » ni « socialistes » (2 avril 2014). Le 17 avril 2014, il écrivait : « Valls-Montebourg-Hamon, c’est un des pires gouvernements droitiers » et le 16 avril : « Le gouvernement Valls-Montebourg-Hamon, le pire gouvernement de gauche [sic] ». Il enfonçait le clou : « Montebourg et Hamon sont co-responsables de ce gouvernement le plus à droite de l’histoire du socialisme ». Aux Primaires du PS cuvée 2017, Filoche a été interdit de se présenter. Et puis finalement, il a appelé à voter Montebourg avant de rallier Hamon, et tout ce beau monde est resté main dans la main sous la rosâtre bannière solférinienne…

capturefiloche

Leur objectif serait de nous refaire le coup du Bourget qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Mais si, souvenez-vous, le blabla du Bourget prononcé par Hollande le 22 janvier 2012 (pile 5 ans avant le 1er tour des Primaires PS 2017), lors duquel notre actuel Président a déclaré : « Mon véritable adversaire, c’est le monde de la Finance ». Comme si, un lustre plus tard, on n’avait pas vu ce que ça a donné… Comme si, depuis, nous n’avions pas été des millions à scander « Plus jamais PS » et à subir les dénigrements, lacrymos et matraques du dit parti…

Bref, il s’agit je pense de raison garder. Après tout, peut être Hamon et ses comparses ont-ils changé, tout en omettant de déchirer leur carte du Parti Solférinien. Je le dis en toute sincérité. Peut-être, depuis ce dimanche 29 janvier 2017, ont-ils soudain renoncé aux magouilles mathématiques, aux rafistolages sophistiques, aux errements idéologiques, aux revirements dramatiques qui ont tué le PS.

Plus Jamais PS

Peut être sont-ils tous très francs et très de gauche, pas comme en 2012, pas comme en 2014, pas comme en 2016… On a assez reproché à Mélenchon d’avoir passé 30 ans au PS. Il en est parti, lui. Il a un programme, lui. Chacun a le droit de changer.

Et en ce cas, chacun sera le bienvenu chez soi. Pour le choix de la raison plutôt que de la soumission – la macédoine sauce Solférino, on a assez donné, non ?

 


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